17/06/2017

Comment j'ai arrêté les supermarchés


A l'automne 2016, j'ai décidé de faire un test : aller le moins souvent possible sous les néons des deux géants oranges*. Ce test était motivé par plusieurs éléments : ma Migros de quartier très déprimante et mal achalandée, l'ouverture d'une épicerie en vrac à deux pas de chez moi, mon amour du marché de Lausanne et un mal de dos passager qui m'a poussé à me faire livrer des courses.

Le système de livraison de la Coop est assez optimal, même si leur site n'est pas des plus beau et a plein de défauts (j'aimerais par exemple qu'il ne faille pas 3 clics pour trouver l'information de la provenance du produit, qu'on puisse classer les produits par provenance/saisonnalité, que la construction des listes soit user friendy, etc.). Quand on s'y habitue et qu'on prend le temps de créer des listes de nos produits usuels, faire ses courses prend moins d'une demi-heure. Leurs livreurs sont toujours hyper sympas, quand j'avais mal au dos, l'un d'eux a même porté tous les sacs jusque sur le comptoir de ma cuisine. Et ils sont ponctuels, le moins ponctuel d'entre eux est arrivé... 10 minutes AVANT l'heure prévue. Leurs fruits et légumes sont bien choisis, les produits toujours bien protégés. En se faisant livrer régulièrement, les "superpoints" permettent de "payer" la livraison, donc ça revient au même prix qu'en supermarché... les tentations des têtes de gondoles en moins, la visibilité des actions en plus.

Donc, je me fais livrer les produits qu'on ne trouve pas ailleurs, toutes les 2-3 semaines, sur le pas de ma porte. Je n'ai plus besoin de pousser un caddie, ce qui tombe bien car je fais partie des maudits qui ont toujours le caddie avec la roue voilée. Je n'ai plus besoin de supporter les néons blafards. 



Je n'ai plus besoin de faire la queue à la caisse. Je n'ai plus besoin de m'énerver sur les haricots du Kenya, les pommes d'Israël, les fraises espagnoles et les poires chinoises. (Sauf qu'en fait si car c'est le même assortiment en ligne, mais je les "vois" moins.) Je fais mes courses aux heures que je choisis. Je me fais livrer aux heures que je choisis (c'est l'avantage de souvent bosser depuis la maison, je vous l'accorde). Ma qualité de vie a augmenté autant que mon stress a baissé.

Ça parait peut-être anecdotique, mais de ne plus aller au supermarché a changé plein d'autres choses dans mon quotidien.

Je fréquente encore plus souvent le marché, ce qui n'est PAS une corvée mais un plaisir, découverte de produits, dialogues avec les producteurs, produits en pleine saison tellement meilleurs et qui n'ont jamais vu de plastique, déchets minimisés et économiquement bien meilleur marché (hinhin) si l'on achète local et de saison.


Je fréquente plus souvent les petits artisans : fromager, boucher, caviste, boulanger, épicier. Et chez eux, pas de néon à déplorer ! Et c'est agréable, vivant, avec un vrai lien social.


J'en suis carrément devenue phobique du néon. Je ne prends plus aucun plaisir à faire du shopping, les magasins de chaînes me font horreur, je n'ai pas mis les pieds dans un H&M depuis 2016, même "juste pour voir".

Et tout ça parce que je ne fréquente plus les supermarchés. Une vraie augmentation de ma qualité de vie, du stress en moins, de la liberté en plus, des néons en moins, des rencontres en plus, des disputes de couple ("non c'est ton tour", "tu as oublié la liste", "ah non, pas des boissons, c'est lourd") en moins, la découverte de nouveaux produits d'artisans en plus.

Je ne peux que vous recommander d'essayer : espacez vos visites, essayez une livraison, repérez les artisans du goût de votre coin pour remplacer tous les produits possibles, surtout le frais. Faites-en un but de promenade et de découverte plutôt qu'une corvée de fin de journée-crevé-les enfants ont faim.

Après quelques mois, ça devient une habitude. L'autre jour j'avais besoin d'un truc vite fait, je suis passée à la Migros. Et je me suis rendue compte que ça faisait vraiment très longtemps que je n'y avais pas mis les pieds. Dix minutes très longues et désagréables. Ça m'a définitivement décidée à ne plus y mettre les pieds.

Et à ceux qui m'ont asséné le très ridicule : "mais tu as pensé aux vendeuses, elles vont perdre leur job si tout le monde fait comme toi". Je ne peux pas sauver le monde avec mon pauvre porte-monnaie, et la consommactrice en moi préfère financer sciemment des petits artisans et producteurs plutôt que les actionnaires des la grande distribution. Et les livraisons à force ça fera perdre des jobs de caissiers-caissières, mais ça en créera d'autre dans les centres de distribution, et des jobs de livreurs. Sans compter que les caisses électroniques ne m'ont pas attendue pour supprimer ces jobs-là... et que ce n'est pas près de s'améliorer avec Amazon qui vient de s'offrir Whole Foods...


Et à ceux qui m'ont dit : "c'est facile pour toi, tu n'as pas d'enfants"... JE NE VOIS PAS LE RAPPORT. Vous pouvez aussi vous faire livrer et commander le soir. Vos enfants seront ravis de vous accompagner au marché où ils croqueront votre bouquet de radis, chez le fromager qui leur fera toujours goûter des trucs, chez le boulanger où du coup ils auront un petit pain avec la fameuse barre de chocolat. Et ils apprendront le goût, le vrai. Et ils n'apprendront pas les néons des magasins. Et ils deviendront des ÊTRES DE LUMIÈRE QUI SAUVERONT LA PLANÈTE. Ok, je m'emballe peut-être.


Essayez, deux mois, juste pour voir, et revenez m'en parler, ça m'intéresse d'avoir vos retours !

Je vous laisse, le marché va bientôt fermer, faut que j'y roule mon chariot !




*Pour les non-Suisses : les deux chaînes de supermarchés principales en Suisse sont la Coop et la Migros, tous deux avec des enseignes oranges.

6 commentaires:

  1. Je suis tout à fait d'accord. Je fais la plupart de mes courses dans une petite biocoop de quartier, je passe au marché et lorsque l'été arrive je vais cueillir directement chez les producteurs de fruits et légumes lorsque j'ai le temps. Lorsque je vais dans un supermarché c'est en quatrième vitesse. J'ai un vrai plaisir à faire mes courses, et une veritable satisfaction de me dire que mon caddie est souvent local et rempli de produits de qualité.

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  2. Tout à fait d'accord, meme chose pour moi. Et j'en profite pour mentionner le site de livraison qui pourrait te faire perdre le goût de coop@home : www.vitaverdura.ch
    Des produits de la région et de saison, un très vaste choix, fruits, légumes mais aussi plats préparés, huiles, viande et poisson, pain et fromage, bières et chocolat... et j'en passe ! Et vraiment un super service. Je ne commente pas souvent, et suis encore moins du genre à faire de la pub du genre, mais dans ce cas être initiative mérite d'être mieux connue :)

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    1. Pour tout ce qui est frais, je préfère aller au marché ! J'achète juste l'épicerie qu'on ne trouve pas ailleurs à la coop en ligne ;-)

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  3. Le commentaire à propos du fait de ne pas avoir d'enfants m'a bien fait sourire! J'y ai eu droit aussi, à propos de choses et d'autres... comme toutes les nullipares (heeek quel mot!) sans doute...

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  4. Bonjour.
    J'essaye aussi de privilégier les petits commerçants, mais parfois j’avoue, par faciliter, j'y retourne. Et puis, j'y acheter ma pizza déjà toute prête. Je suis en phase de transition pour la faire moi même, y compris la pâte.
    C'est dur de changer ses habitudes. Mais je me dis que ça vaut le coup, et pour la vie de quartier et pour l'environnement (je suis également en réduction des déchets).
    MErci pour tous ces articles qui font échos à mes propres démarches ou aux découvertes.

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  5. C'est vrai qu'il est très chouette le marché de Lausanne, on monte en métro et on revient en descendant. Je m'ennuie

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