09/11/2012

Die Wiesenberger


Die Wiesenberger (Bernard Weber & Martin Schilt, ch, 2012)

Après 2 navets hollywoodiens, qu'il est bon de vivre une belle expérience dans une salle obscure. Une critique de cinéma (dont je ne me souviens plus le nom) m'a dit un jour que pour qu'elle aime un film il faut qu'il la fasse rire, ou qu'il la fasse pleurer, ou les deux en même temps, ou qu'elle sorte de la salle en ayant envie de tomber amoureuse. Ce film réunit sans conteste toutes ces qualités.



un extrait en VO, oui, parfaitement, une vidéo en suisse-allemand, 
pas besoin de tout comprendre pour saisir l'enjeu, promis

Les yodler de Wiesenberg ont fait quelques disques et leur réputation et leurs talents leurs ont permis de gagner un prix national, suite auquel le très sérieux Département Fédéral des Affaires Etrangères les invite à venir chanter dans le pavillon suisse de l'Exposition Universelle de Shanghai de 2010. Les camps des enthousiastes ou des horrifiés concernant ce voyage s'affrontent dans la chorale.


Cette histoire du concours national, de l'expo universelle et des camps qui s'affrontent au sein du groupe servent de prétexte aux réalisateurs pour nous amener au coeur de ce choeur (pardon) d'hommes. Ce groupe composé principalement de paysans de montagne nous ouvre petit à petit, avec toute la méfiance de ce genre de personnages, les portes de leurs quotidiens, de leurs maisons, de leurs pâturages et de leurs émotions.


Les images sont magnifiques, qu'il s'agissent d'être au plus près des visages et des regards ou de panoramas alpins à couper le souffle. Le yodle donne des frissons, que l'on soit adepte ou non de ces chants très particuliers. On touche à la culture suisse dans ce qu'elle a de plus particulier, folklorique mais intime, spectaculaire, séculaire, émotionnelle. Mais ce film réussit à ne pas tomber dans les travers d'une carte postale, on évoque plus les chanteurs que le chant, on comprend mieux les différents aspects de leurs rudes vies de montagnards que les trilles du yodle.


Sans vouloir ruiner le suspense, il y a plusieurs moments particulièrement touchant quand un petit groupe décide finalement de se rendre en Chine. D'abord face à un enfant qui vend des souvenirs où une phase de négociation absurde se tient entre le montagnard suisse qui veut donner plus d'argent à ce gosse qui bosse (et qui lui rappelle probablement ses jeunes années où il devait également travailler) et le petit garçon chinois qui refuse qu'on lui donne trop et qui finit par offrir un des souvenirs au vieux très ému. Puis, dans un parc de Shanghai où ils tentent de yodler avec des passants et où l'unisson (perfectible va-t-on dire pour rester poli) crée un lien immédiat entre les participants. Pour être claire, malgré les couacs sonores : ça fout les poils.

J'ai profondément aimé ce film. Il est bon de voir à quel point le cinéma suisse reste riche dans son volet documentaire et à quel point le documentaire peut être du grand Cinéma. Allez hop, une petite citation de Godard pour fêter ça : "Tous les grands films de fiction tendent au documentaire, comme tous les grands documentaires tendent à la fiction (…) Et qui opte à fond pour l’un trouve nécessairement l’autre au bout du chemin." (Jean-Luc Godard par Jean-Luc Godard, 1985). Ce film est un grand film de cinéma, ne le ratez pas.

Vous doutez encore ? (sachez que ça me fait de la peine) Vous voulez voir d'autres extraits ? Vous voulez commander le dvd ou trouver une salle où il est encore projeté (à part le dimanche matin à Lausanne) ? Hop, on clique.

3 commentaires:

  1. Mission accomplie tu me donnes envie

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  2. C'était mon premier film en suisse-allemand. Mon premier docu suisse vu en suisse, aussi.
    Je suis allé le voir 2 fois en salle, j'y retournerais sans problème.

    En passant, le titre retenu pour la distrib en français, "Une chanson pour Shanghai", est toujours au niveau des choix merdiques des distributeurs francophones. Le titre EN pour l'international est drôle, lui, au moins ("No Business Like Showbusiness").

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    1. Merci d'avoir insisté d'ailleurs, c'est un bijou.

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